Convenir

Le verbe convenir s’emploie avec être, mais surtout avec avoir

La forme Elles sont convenues de, seule admise par l’Académie française, est rare. Cette construction du verbe convenir avec l’auxiliaire être est aussi plus guindée. La forme habituelle aujourd’hui se construit avec avoir, comme dans Elles ont convenu de partir.

Salle de montre

Les Français préfèrent parler de showroom

Au Québec, l’expression salle de montre est dénoncée par des puristes comme une faute de français ou un archaïsme. En France, pendant ce temps, le mot le plus courant aujourd’hui pour désigner l’endroit où sont exposés des produits de consommation d’une certaine taille (voitures, meubles, etc.) est showroom (que certains écrivent show-room avec un trait d’union). La commission FranceTerme a déjà proposé salle d’exposition pour ce concept, sans grand succès. Au Québec mais aussi en France (voir l’exemple ci-dessous), la salle d’exposition est souvent associée à l’univers des musées.

Site web du Musée du Louvre, 12 juillet 2019 :

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Très faim, très hâte

Seuls quelques puristes défendent encore grand faim, grand hâte

Est-il correct d’écrire avoir très faim ou avoir très hâte de partir? Oui. Ces constructions sont correctes, et consacrées depuis longtemps par l’usage. Certains puristes, dont l’Académie française, les jugent encore fautives parce qu’elles associent un adverbe (très) à un nom (faim, hâte). À leur avis, il faudrait écrire avoir grand faim ou avoir grand hâte de partir. Autant de tournures surannées.

Sous-verre

Québec : sous-verre. France : dessous de verre.

Au Québec, en Belgique et dans certaines autres régions de la francophonie, le mot sous-verre désigne un objet plat qu’on met sous les verres pour protéger la table. Quelques puristes québécois ont déjà vu là une « faute de français » plutôt qu’une simple variation d’ordre géographique. Des sous-verre reste invariable en orthographe traditionnelle et s’écrit des sous-verres en nouvelle orthographe.

En France, selon le Robert, le mot sous-verre désigne une gravure, affiche, etc. présentée sous une plaque de verre pour la protéger, comme on peut en voir, par exemple, dans un musée. Afin de préserver une table contre les cernes des coupes de vin, les Français utilisent plutôt des dessous de verre, qu’on peut écrire des dessous-de-verres (avec des traits d’union et un s final) en nouvelle orthographe.

Vœu pieux

Expression qui inquiète à tort quelques puristes

Certains Québécois se méfient encore de l’expression vœu pieux parce qu’elle leur semble calquée sur l’anglais. Quelques-uns ont prétendu qu’elle venait de constructions comme pious vow ou pious wish (qui ne sont d’ailleurs pas fréquentes en anglais). Or, l’expression vœu pieux est dans tous les dictionnaires de langue, y compris celui de l’Académie française. Elle exprime l’idée d’un souhait peu sincère ou irréalisable.

Site web d’Ici Radio-Canada, le 20 avril 2014, dimanche de Pâques :

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Bafouiller, bredouiller

Oui, les deux mots veulent dire la même chose

Certains puristes se targuent d’établir une distinction entre bafouiller et bredouiller, affirmant qu’« on pourrait bafouiller sans pour autant bredouiller ». Des mots comme marmonner et marmotter se prêtent au même genre de distinction oiseuse. Par ailleurs, le Petit Robert consacre un article intéressant au verbe québécois raboudiner qu’il définit, entre autres choses, comme « bafouiller, marmonner » (ex. Il a raboudiné une excuse concernant son voisin.)

Panel

Intégré à la langue depuis longtemps

Au Québec et en France, et depuis bien des années, le mot d’origine anglaise panel peut désigner deux choses : soit un petit groupe d’experts débattant d’un thème devant public, soit un groupe de consommateurs chargé de tester des produits. Panéliste en est un dérivé. Le Multidictionnaire de la langue française persiste à y voir un anglicisme à combattre. L’Office québécois de la langue française, qui approuve le terme, note que panel « est très utilisé de part et d’autre de l’Atlantique depuis 1963 ».

Pointe de l’iceberg

Image courante au Québec

L’expression la pointe de l’iceberg est condamnée par quelques puristes québécois comme un calque de l’anglais the tip of the iceberg. Elle évoque la partie visible d’une menace dont la plus grande partie échappe au regard (ex. Ce petit scandale n’est que la pointe de l’iceberg). Les Français utilisent la construction la partie immergée, cachée ou invisible de l’iceberg, axée sur l’aspect contraire de la même réalité.

Le mot iceberg vient de l’anglais, qui l’aurait emprunté à une langue du nord de l’Europe. Il se prononce « aïsse-bèrgue » ou « isse-bèrgue » (cette dernière prononciation étant la plus française). La laitue iceberg aurait été ainsi surnommée parce qu’elle était anciennement transportée de la Californie dans des trains frigorifiés à l’aide de grands blocs de glace.

Élaboré

Peut s’employer au sens de recherché, complexe, sophistiqué

On peut très bien décrire un procédé ou un système comme élaboré (ex. le mécanisme fonctionnait à l’aide d’un système élaboré de cordes et de poulies). Ce sens est entré dans l’usage depuis longtemps. Par ailleurs, au Québec, on continue avec raison de condamner une phrase comme Le ministre a refusé d’élaborer. Calquée sur l’anglais The minister refused to elaborate, elle peut être remplacée par Le ministre a refusé d’en dire plus (qui fait une syllabe de moins).

Au point de vue de xyz

Synonyme correct de du point de vue de xyz

L’expression au point de vue de xyz (ex. La région est florissante au point de vue de l’économie) fait encore sourciller quelques puristes. Cette construction est pourtant utilisée par de grands auteurs depuis plus d’un siècle, à côté de la forme classique du point de vue de xyz. Par ailleurs, il est tout à fait correct de faire suivre d’un adjectif les formes au point de vue ou du point de vue (ex. La région est florissante au point de vue économique ou du point de vue économique). Voir aussi la fiche Au plan de xyz.

Victor Hugo, lettre publique du 8 juin 1872 appuyant Léon Richer, fondateur de l’Association pour le droit des femmes, en France :

« L’on reconnaîtra que, même au point de vue de notre égoïsme, il est difficile de composer le bonheur de l’homme avec la souffrance de la femme. »

Parade au sens de défilé

Un emploi bien entré dans l’usage au Québec et en France

On a fait croire aux Québécois que l’expression parade du Carnaval était fautive et devait être remplacée par défilé du Carnaval parce qu’une parade ne pouvait être que militaire. C’est faux. Le sens du mot parade s’est étendu depuis bien des années, au Québec et en France. Il englobe aujourd’hui de nombreux domaines comme le sport, la musique ou l’agriculture. Dans bien des cas, les mots parade et défilé sont interchangeables.

Le Parisien, 13 mars 2016 :

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Assermentation

Québec : assermentation. France : prestation de serment.

Le mot assermentation est en usage au Canada, en Suisse et au Luxembourg (ex. la cérémonie d’assermentation des ministres) et figure comme régionalisme dans le Petit Robert. La Belgique, qui a des « traducteurs assermentés », semble peu utiliser le terme assermentation. Mais il reste que ce dernier est tout à fait correct.

Site web de la gouverneure générale du Canada, 17 mars 2019 :

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Combler un poste

Québec : combler un poste. France : pourvoir (à) un poste

Beaucoup de puristes québécois dénoncent l’expression combler un poste comme un calque de l’anglais to fill a job. Selon eux, en français correct, il faudrait dire pourvoir un poste ou pourvoir à un poste (formes sur lesquelles les puristes eux-mêmes ne s’entendent pas). Combler un poste est une extension de sens toute naturelle. Le seul reproche qu’on puisse faire à cette expression, c’est qu’elle n’est pas employée en France. La belle affaire.

Site web d’Emploi-Québec, 16 juin 2019 :

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Écoper de

Une « vieille faute » devient acceptable

Pendant des décennies, l’expression écoper de (une amende, une peine de prison) a été dénoncée comme une impropriété parce qu’il aurait fallu dire écoper sans de (ex. ils ont écopé cinq ans de prison). Aujourd’hui les médias au Québec et en France utilisent abondamment écoper de, et tout indique que cette forme va finir par l’emporter. Par ailleurs, les dictionnaires persistent à décrire le verbe écoper comme « familier », même s’il n’a plus rien de « familier » depuis longtemps.

Le Point, 15 juin 2019 :

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Échouer à + infinitif

Un anglicisme peut-être. Mais qui semble utile

On voit régulièrement en France, et de plus en plus au Québec, la construction échouer à + infinitif (ex. échouer à conclure un partenariat avec xyz). Cette expression, qui ne semble figurer encore dans aucun dictionnaire, ressemble beaucoup à l’anglais to fail to + infinitif. Elle est cependant approuvée par la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française et s’emploie dans les journaux des deux côtés de l’Atlantique. Quant à la forme échouer un examen (plutôt que échouer à un examen), elle est encore critiquée avec raison au Québec. Elle est due probablement à sa ressemblance avec des expressions comme rater un examen ou le québécisme couler un examen.

Le Monde, 29 janvier 2011 :

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Malaisant

Admis au sens de « qui met mal à l’aise »

L’adjectif malaisant n’est encore consigné ni dans le Robert ni dans le Larousse, mais il est dans le Dictionnaire Hachette depuis le début des années 2000 (avec la marque familier, qui est sujette à discussion dans ce cas). Le mot répond à un besoin et mérite d’exister. Né d’abord en France (et non au Québec), il fait l’objet d’une fiche intéressante de la Banque de dépannage linguistique. Le verbe malaiser (« mettre mal à l’aise ») a-t-il déjà existé? Oui en ancien français, et Littré en témoigne, mais le mot est resté pour ainsi dire sous le radar pendant longtemps pour des raisons qui demeurent obscures.

Accaparer

Il n’y a aucune raison de condamner s’accaparer de xyz

Les puristes continuent de recommander accaparer xyz et de condamner les formes pronominales s’accaparer xyz et s’accaparer de xyz (la dernière est formée sur le modèle de s’emparer de xyz). Ces deux derniers tours sont pourtant répandus au Québec et en Europe depuis plus d’un siècle, et sont manifestement entrés dans l’usage. À la limite, on pourrait dire que ces deux expressions appartiennent à la langue courante et que accaparer xyz est d’une langue plus soutenue. Il reste que les trois sont corrects. Par ailleurs, on dit très correctement qu’une fleur fane ou qu’elle se fane.

Sobre

Le contraire de ivre, même en France

Au Québec, le mot sobre veut souvent dire « non ivre » sous l’influence de l’anglais sober (ex. Au moment de l’accident, le conducteur était sobre). Ce sens est encore combattu par certains puristes québécois. Mais le mot est déjà largement employé en France aussi dans ce sens.

Le Parisien, 7 juillet 2004

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Brulement d’estomac

Québec : brulement d’estomac. France : brulure d’estomac

Quelques puristes québécois présentent toujours brulement d’estomac comme une forme fautive parce que les Français disent généralement aujourd’hui brulure d’estomac. En Belgique, on dit avoir le brulant. Les différences de ce genre sont légion dans toutes les grandes langues du monde : français, anglais, espagnol, arabe, chinois, etc. Faut-il crier chaque fois à la faute? Notons que le « terme privilégié » par l’Office québécois de la langue française pour désigner techniquement ce malaise intestinal est pyrosis, qui se prononce pirô-ziss et est masculin.

Icône

Consensus autour du terme une icône

Après plusieurs années de flottement, la plupart des ouvrages recommandent aujourd’hui d’utiliser icône au féminin, et avec l’accent circonflexe, dans toutes les acceptions du terme.

Curieusement, le Robert publie deux articles séparés, un avec l’accent circonflexe pour l’art byzantin, et l’autre sans accent (donc icone) pour le sens informatique du mot; le genre peut également varier, selon le Robert. Ce dernier semble être le seul à tenir cette position.

L’Académie française, dans l’édition en cours de son dictionnaire (la neuvième), recense seulement la graphie avec accent circonflexe, et le genre féminin, mais en ne donnant à icône que le sens d’image sainte vénérée dans l’Église d’Orient. Ce qui dénote un problème d’actualisation de la part de l’Académie.