Arachide / Cacahouète

Québec : arachide. France : cacahouète.

Au Québec, de même qu’en Afrique, le mot le plus couramment employé pour désigner ce fruit est arachide, qui est féminin (ex. des arachides salées). Le beurre d’arachide (qui s’écrit également beurre d’arachides avec s) est un produit courant depuis longtemps en Amérique du Nord. En langage familier, les Québécois disent aussi pinotte (du mot anglais peanut). En France, on utilise plutôt cacahouète ou cacahuète, qui se prononce toujours kaka-ouète. Au Québec, pistache est encore parfois employé au sens d’arachide, mais y est considéré comme vieilli dans ce sens.

Très faim, très hâte

Seuls quelques puristes défendent encore grand faim, grand hâte

Est-il correct d’écrire avoir très faim ou avoir très hâte de partir? Oui. Ces constructions sont correctes, et consacrées depuis longtemps par l’usage. Certains puristes, dont l’Académie française, les jugent encore fautives parce qu’elles associent un adverbe (très) à un nom (faim, hâte). À leur avis, il faudrait écrire avoir grand faim ou avoir grand hâte de partir. Autant de tournures surannées.

Sous-verre

Québec : sous-verre. France : dessous de verre.

Au Québec, en Belgique et dans certaines autres régions de la francophonie, le mot sous-verre désigne un objet plat qu’on met sous les verres pour protéger la table. Quelques puristes québécois ont déjà vu là une « faute de français » plutôt qu’une simple variation d’ordre géographique. Des sous-verre reste invariable en orthographe traditionnelle et s’écrit des sous-verres en nouvelle orthographe.

En France, selon le Robert, le mot sous-verre désigne une gravure, affiche, etc. présentée sous une plaque de verre pour la protéger, comme on peut en voir, par exemple, dans un musée. Afin de préserver une table contre les cernes des coupes de vin, les Français utilisent plutôt des dessous de verre, qu’on peut écrire des dessous-de-verres (avec des traits d’union et un s final) en nouvelle orthographe.

Vœu pieux

Expression qui inquiète à tort quelques puristes

Certains Québécois se méfient encore de l’expression vœu pieux parce qu’elle leur semble calquée sur l’anglais. Quelques-uns ont prétendu qu’elle venait de constructions comme pious vow ou pious wish (qui ne sont d’ailleurs pas fréquentes en anglais). Or, l’expression vœu pieux est dans tous les dictionnaires de langue, y compris celui de l’Académie française. Elle exprime l’idée d’un souhait peu sincère ou irréalisable.

Site web d’Ici Radio-Canada, le 20 avril 2014, dimanche de Pâques :

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Des questions tabou / Des questions taboues

Corrects tous les deux

La tendance actuelle est de traiter le mot tabou comme un simple adjectif. Donc de l’accorder en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte. Mais le sujet n’est pas clos. Certains estiment encore qu’il s’agit d’un nom et qu’il doit rester invariable comme minceur dans l’expression des crèmes minceur.

Bafouiller, bredouiller

Oui, les deux mots veulent dire la même chose

Certains puristes se targuent d’établir une distinction entre bafouiller et bredouiller, affirmant qu’« on pourrait bafouiller sans pour autant bredouiller ». Des mots comme marmonner et marmotter se prêtent au même genre de distinction oiseuse. Par ailleurs, le Petit Robert consacre un article intéressant au verbe québécois raboudiner qu’il définit, entre autres choses, comme « bafouiller, marmonner » (ex. Il a raboudiné une excuse concernant son voisin.)

Des pare-brise / Des pare-brises / Des parebrises

Corrects tous les trois

Les plus traditionalistes des rédactrices et des rédacteurs écrivent des pare-brise en laissant le mot brise invariable. Les tenants de la nouvelle orthographe écrivent un pare-brise, des pare-brises. Quant aux plus modernes des langagistes, ils écrivent un parebrise, des parebrises, en soudant le nom et en ajoutant un s final au pluriel. C’est la forme la plus simple.

Panel

Intégré à la langue depuis longtemps

Au Québec et en France, et depuis bien des années, le mot d’origine anglaise panel peut désigner deux choses : soit un petit groupe d’experts débattant d’un thème devant public, soit un groupe de consommateurs chargé de tester des produits. Panéliste en est un dérivé. Le Multidictionnaire de la langue française persiste à y voir un anglicisme à combattre. L’Office québécois de la langue française, qui approuve le terme, note que panel « est très utilisé de part et d’autre de l’Atlantique depuis 1963 ».

Maint ouvrage le dit / Maints ouvrages le disent

Corrects tous les deux

Les adjectifs maint et maints, qui désignent tous les deux un grand nombre, s’emploient indifféremment au singulier ou au pluriel. Ils sont considérés comme littéraires, sauf dans quelques expressions courantes comme maintes et maintes fois.

Pointe de l’iceberg

Image courante au Québec

L’expression la pointe de l’iceberg est condamnée par quelques puristes québécois comme un calque de l’anglais the tip of the iceberg. Elle évoque la partie visible d’une menace dont la plus grande partie échappe au regard (ex. Ce petit scandale n’est que la pointe de l’iceberg). Les Français utilisent la construction la partie immergée, cachée ou invisible de l’iceberg, axée sur l’aspect contraire de la même réalité.

Le mot iceberg vient de l’anglais, qui l’aurait emprunté à une langue du nord de l’Europe. Il se prononce « aïsse-bèrgue » ou « isse-bèrgue » (cette dernière prononciation étant la plus française). La laitue iceberg aurait été ainsi surnommée parce qu’elle était anciennement transportée de la Californie dans des trains frigorifiés à l’aide de grands blocs de glace.

Un après-midi / Une après-midi / Des après-midi / Des après-midis

Québec : toujours un après-midi. France : souvent une après-midi.

On peut très bien parler d’un après-midi chaud ou d’une après-midi chaude. Antidote note que le féminin est moins fréquent, mais est quand même attesté, à l’écrit comme à l’oral. En orthographe traditionnelle, le mot après-midi est invariable, mais Grevisse observe que plusieurs écrivains y mettent un s final au pluriel. C’est d’ailleurs cette dernière forme qui est recommandée en nouvelle orthographe.

Élaboré

Peut s’employer au sens de recherché, complexe, sophistiqué

On peut très bien décrire un procédé ou un système comme élaboré (ex. le mécanisme fonctionnait à l’aide d’un système élaboré de cordes et de poulies). Ce sens est entré dans l’usage depuis longtemps. Par ailleurs, au Québec, on continue avec raison de condamner une phrase comme Le ministre a refusé d’élaborer. Calquée sur l’anglais The minister refused to elaborate, elle peut être remplacée par Le ministre a refusé d’en dire plus (qui fait une syllabe de moins).

Une parka / Un parka

Québec : un parka. France : souvent une parka

Selon le dictionnaire québécois Usito, le mot parka « est généralement masculin au Québec et féminin en France ». Le Petit Robert et le Larousse en ligne admettent les deux genres. Parka serait un terme anglais provenant de l’aléoutien, une langue de la région de l’Alaska.

Au point de vue de xyz

Synonyme correct de du point de vue de xyz

L’expression au point de vue de xyz (ex. La région est florissante au point de vue de l’économie) fait encore sourciller quelques puristes. Cette construction est pourtant utilisée par de grands auteurs depuis plus d’un siècle, à côté de la forme classique du point de vue de xyz. Par ailleurs, il est tout à fait correct de faire suivre d’un adjectif les formes au point de vue ou du point de vue (ex. La région est florissante au point de vue économique ou du point de vue économique). Voir aussi la fiche Au plan de xyz.

Victor Hugo, lettre publique du 8 juin 1872 appuyant Léon Richer, fondateur de l’Association pour le droit des femmes, en France :

« L’on reconnaîtra que, même au point de vue de notre égoïsme, il est difficile de composer le bonheur de l’homme avec la souffrance de la femme. »

Parade au sens de défilé

Un emploi bien entré dans l’usage au Québec et en France

On a fait croire aux Québécois que l’expression parade du Carnaval était fautive et devait être remplacée par défilé du Carnaval parce qu’une parade ne pouvait être que militaire. C’est faux. Le sens du mot parade s’est étendu depuis bien des années, au Québec et en France. Il englobe aujourd’hui de nombreux domaines comme le sport, la musique ou l’agriculture. Dans bien des cas, les mots parade et défilé sont interchangeables.

Le Parisien, 13 mars 2016 :

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