Administrer un test

Comme on peut administrer un remède ou une correction

Certes, l’expression « administrer un test » (ou un sondage, un questionnaire, etc.) ne se trouve pas telle quelle à l’article administrer du Petit Robert. Mais elle figure clairement à l’article test de ce dictionnaire, et à l’article administrer du Trésor de la langue française. Au Québec, elle est largement employée depuis longtemps dans de bonnes publications.

C’est de sa faute

Tournure admise par l’Académie française et le Grand Robert

Certains hésitent encore à employer l’expression C’est de sa faute, croyant qu’il faudrait préférer, en français châtié, C’est sa faute. Or, les deux sont considérés comme parfaitement corrects, et cela, depuis le 19e siècle. Dans la plus récente édition de son dictionnaire, l’Académie française donne même l’exemple suivant : C’est notre faute, ma faute, de ma faute, sans qu’il soit question de niveaux de langue. Le Grand Robert, à l’article faute, abonde dans le même sens.

Sous zéro

L’Office québécois de la langue française s’est enfin ravisé

Certains puristes mal renseignés ont soutenu longtemps qu’il fallait s’en tenir aux formules classiques « 15 degrés au-dessous de zéro » ou « moins 15 degrés » pour parler du froid en bon français. Heureusement, l’OQLF a cessé de dénoncer des expressions pourtant correctes comme « 15 degrés sous zéro » ou « 15 degrés en dessous de zéro ». Et a remis les pendules à l’heure avec une nouvelle fiche.

Espérer que

Certains puristes condamnent la phrase J’espère qu’il puisse venir

À leur avis, il faudrait dire J’espère qu’il pourra venir, car ici le verbe espérer demanderait l’indicatif. Ce sont des subtilités de cuistre – un enchevêtrement de prétendues règles où se mêlent l’indicatif, le subjonctif et le conditionnel, sans parler des tournures négatives et interrogatives. Il n’est pas normal d’avoir à se poser autant de questions pour un verbe courant comme espérer. L’emploi du subjonctif est critiqué aussi (et à tort) à la suite de l’expression après que.

Dispenser

Oui, on peut dispenser des cours

Les puristes prétendent que le verbe dispenser s’accompagne toujours d’une idée de libéralité et qu’il est abusif, par conséquent, de dire qu’une école « dispense » des cours. Or, le verbe dispenser s’emploie aujourd’hui dans un sens tout à fait neutre, au Québec et en France, pour parler d’enseignement, mais aussi de services, de conseils, de subventions, etc.

Site web du gouvernement de France :

Dispenser Légifrance.png

Être intéressé à + infinitif

Construction commode, employée surtout au Québec

Les Québécois utilisent régulièrement des tournures comme « les personnes intéressées à s’inscrire au concours ». Selon les puristes, il faudrait plutôt dire « les personnes qui souhaitent s’inscrire au concours » ou « les personnes désireuses de s’inscrire au concours ». Le tour « être intéressé à + infinitif » est-il pour autant un anglicisme? Il est permis d’en douter. L’article intéressé du Trésor de la langue française cite Balzac parlant d’un jeune homme « intéressé à étudier tous ces bourgeois ».

Intrigant

Correct dans le sens de « qui pique la curiosité »

Le mot a été mal recensé par les dictionnaires pendant de nombreuses années. Au Québec et en France, il a été présenté à tort comme un québécisme, ou encore comme un adjectif ayant pour seul sens « aimant mener des intrigues ». L’Office québécois de la langue française y consacre une fiche éclairante, dans laquelle il constate, à propos du mot intrigant, « une étonnante lacune dans les descriptions des lexicographes ».

Levée de fonds

Les investisseurs ont adopté le terme

Au Québec et en France, le monde de la finance utilise couramment le nom levée de fonds et le verbe correspondant lever des fonds, bien qu’il s’agisse manifestement de calques de l’anglais. Cependant, dans les milieux de la philanthropie et de la politique, on parle encore surtout de campagnes de financement ou de collectes de fonds.

Site web du magazine français L’Usine Nouvelle, 23 novembre 2018 :

Levée de fonds L'Usine Nouvelle.png

Perluète pour « et »

Le symbole « & » peut se mettre entre deux noms communs

Le terme perluète, désignant le symbole du mot et (&), connait un grand nombre de variantes (voir la fiche Perluète / Esperluette). L’Office québécois de la langue française affirme qu’il est incorrect de mettre ce symbole entre deux noms communs, une « règle » sans motivation apparente. L’Académie française, entre autres, n’en tient pas compte, comme le montre l’image ci-dessous.

Perluète emploi Académie 1.png

Gracieuseté de xyz

Québec : gracieuseté de. France : don de.

En France, on n’entend plus dire aujourd’hui que tel ou tel objet ou service est une gracieuseté de l’entreprise xyz. C’est un don ou un cadeau, mais ces deux mots peuvent sembler trop directs dans l’univers québécois de la commandite (appelé sponsoring en France). Au Québec, le mot gracieuseté semble avoir la résonance appropriée pour l’emploi qu’on en fait.

Incidemment

Au Québec, courant et correct pour annoncer une légère digression

Le mot incidemment, employé en tête de phrase comme l’anglais incidentally, est encore dénoncé comme un calque. Les puristes recommandent plutôt des expressions comme entre parenthèses, au fait, à propos ou soit dit en passant. Dans ce sens inspiré de l’anglais, le mot incidemment est cependant utilisé depuis longtemps au Québec, et on le voit même en France, comme il est attesté ici. Voir aussi la fiche En passant.

En passant

Québec : en passant. France : soit dit en passant.

Peut-on introduire une légère digression par l’expression « en passant », comme dans « En passant, avez-vous remarqué quelle heure il est? » Les ouvrages de référence, tant québécois que français, donnent des exemples de « soit dit en passant », qui est perçu comme de style plutôt soutenu au Québec, mais jamais de « en passant » tout court en tête de phrase. Cette dernière formule, qui est courante au Québec et correspond à l’anglais by the way, n’a pourtant rien de répréhensible. Voir aussi la fiche Incidemment.

Fax, faxer, télécopieur, télécopier, télécopie

L’Académie française admet le mot fax

Dans les années 1990, les termes télécopieur et télécopie se sont imposés au Québec dans les documents officiels sous l’influence de l’Office québécois de la langue française. Le nom fax (forme abrégée de l’anglo-américain facsimile) est cependant resté le terme le plus répandu pour désigner l’appareil ou le document, et figure même dans le dictionnaire de l’Académie française (mais pas le verbe faxer). Le télécopieur (ou fax) étant beaucoup moins utilisé qu’avant, le mot finira sans doute par disparaitre avec la chose.

Académique

Le sens élargi du mot est bien implanté au Québec, y compris dans des contextes officiels

Malgré les dénonciations répétées des puristes, l’adjectif académique est largement utilisé au Québec comme un terme général pouvant englober plusieurs notions apparentées : enseignement, scolarité, cégep, université, etc. Il est également courant en Belgique, en Suisse et en Afrique en lien avec le monde universitaire. Dans un sens large semblable à celui de l’anglais academic, le mot se répand aussi depuis quelques décennies en France.

Site web du Collège Jean-de-Brébeuf, de Montréal, consulté le 24 janvier 2019 :

Vie académique Brébeuf.png

Lutte

Québec : lutte au chômage. France : lutte contre le chômage

Les puristes québécois condamnent généralement la construction lutte à + substantif (ex. lutte à la pauvreté, lutte au crime) parce qu’elle ne figure pas dans les dictionnaires de France. Ces derniers parlent en effet de lutte contre tel ou tel fléau. Ils recensent pourtant l’expression faire la guerre à quelque chose. Les Québécois ne font qu’appliquer le même principe au mot lutte.

Monoparental

Québec : mère monoparentale. France : mère seule.

Les Québécois utilisent souvent l’adjectif monoparental à propos de personnes, et pas seulement de familles. On parle ainsi d’un père monoparental alors qu’ailleurs on dit un père seul. Au Québec, le terme monoparental a connu une extension de sens qui est clairement entrée dans l’usage, mais pas encore, curieusement, dans les dictionnaires québécois.

Rouvrir, réouvrir

Devraient être admis tous les deux comme rajuster et réajuster 

Rajuster et réajuster figurent tous deux dans les dictionnaires, avec le même sens. Tel n’est pas le cas pour rouvrir et réouvrir. Seul le premier a la bénédiction de la plupart des puristes et des ouvrages de référence, sans que l’on sache pourquoi. C’est d’autant plus curieux que le terme réouverture est dans tous les dictionnaires.

Possiblement, présentement, supposément

Trois adverbes bien formés, largement utilisés au Québec

Ces termes sont mal aimés des puristes parce qu’ils ressemblent trop, à leurs yeux, à des calques de l’anglais. Ils sont pourtant en usage depuis longtemps, au Québec surtout, mais aussi en France. Au Québec, ils doivent peut-être leur fréquence d’utilisation à la présence de mots anglais similaires (possibly, presently, supposedly). Ils demeurent néanmoins tout à fait français.

 

Publiciser

Répond à un besoin, mais boudé par les dictionnaires de France

Le verbe anglais « to publicize » est de sens assez large, mais les dictionnaires de France continuent de bouder son équivalent français publiciser. L’Académie française soutient qu’au lieu de dire « Le gouvernement songe à publiciser les banques », il faudrait dire « Le gouvernement songe à nationaliser les banques », ce qui dénote une grave incompréhension du terme.

Au sud de, dans le sud de

France : même sens. Québec : deux sens différents.

Les médias français avaient l’habitude de faire une distinction entre les deux constructions suivantes : « Marseille est dans le sud de la France » et « Marseille est au sud de Lyon ». Aujourd’hui, ils utilisent souvent au sud de (ou au nord de, à l’est de, à l’ouest de) pour parler de toute une région : « Marseille est au sud de la France ». Ce dernier tour, qui peut surprendre une oreille québécoise, est de plus en plus répandu en France.