Alternative

Courant dans des publications de qualité, au Québec et en France

On écrit couramment que tel processus est une bonne alternative à tel autre. Ou qu’il existe des méthodes alternatives pour arriver à un certain résultat. Ou qu’on doit faire une certaine chose parce qu’on n’a pas d’autre alternative. Dans tous les cas, il s’agit de solutions de rechange. Le nom alternative et l’adjectif alternatif, venus directement de l’anglais, ont fini par s’imposer pour des raisons de commodité et de mode.

Site web service-public.fr, consulté le 16 avril 2019 :

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Dix mètres de long, de longueur

Courants tous deux dans des publications de qualité

Le Larousse en ligne écrit : « On dit indifféremment trois mètres de long ou trois mètres de longueur. » La forme avec longueur est légèrement plus soutenue, mais l’autre n’est aucunement fautive.

Au plan de xyz

Synonyme correct de sur le plan de xyz

La tournure au plan de (ex. L’entreprise a réussi une belle percée au plan des exportations) est tout aussi correcte que sur le plan de. Depuis qu’un chroniqueur de langage en France l’a stigmatisée (à tort) dans un article des années 1960, bon nombre de puristes continuent de critiquer au plan de par simple mimétisme. Cette tournure, qui peut aussi être suivie d’un adjectif (ex. La région s’est distinguée au plan économique) témoigne pourtant d’une évolution normale de la langue. Voir aussi la fiche Au point de vue de xyz.

Parapher

Peut être avantageusement remplacé par initialer

En France, le paraphe est une signature abrégée, souvent limitée aux initiales. Au Québec, le verbe initialer, qui est clair et bien formé, permet d’éviter toute confusion avec parapher, que les médias québécois utilisent souvent comme synonyme de « signer » (ex. ce joueur vient de parapher un contrat de cinq ans avec son équipe). On écrit correctement parapher ou parafer depuis longtemps, bien avant l’avènement de la nouvelle orthographe en 1990.

En revanche, par contre

En revanche est plus courant en France qu’au Québec

Perçue au Québec comme plutôt recherchée, l’expression en revanche y est peu utilisée, mais son synonyme par contre sert en toute circonstance. En France, par contre a souffert des foudres de l’Académie française parce qu’un de ses membres, Voltaire, ne l’aimait pas. L’Académie admet l’expression aujourd’hui, « mais l’usage s’est établi de la déconseiller, écrit-elle, chaque fois que l’emploi d’un autre adverbe est possible ».

Feu de forêt, incendie de forêt

Synonymes au Québec et en France

Il y a longtemps, certains défenseurs québécois du « bon parler » ont fait circuler l’idée que feu de forêt, couramment utilisé au Québec, était un calque de l’anglais forest fire. En fait, les expressions feu de forêt et incendie de forêt ont le même sens et sont courantes des deux côtés de l’Atlantique.

Vélo (en ou à)

Courants tous les deux dans de bonnes publications

Pour les moyens de locomotion, certains puristes soutiennent qu’il faut employer la préposition en quand on se déplace à l’intérieur d’un véhicule (voyager en train, en avion). Inversement, il faudrait dire se promener à bicyclette, à moto. Mais ce principe est peu appliqué : on peut dire très correctement faire une balade en vélo, dévaler la colline en skis, etc.

Deuxième, second

Généralement interchangeables

Quand une série comporte seulement deux éléments, certains prétendent qu’il faut utiliser second plutôt que deuxième. Or, ce principe ne s’est jamais imposé dans l’usage réel. On écrit aussi bien la Deuxième Guerre mondiale que la Seconde Guerre mondiale. L’adjectif second fait partie de quelques expressions figées comme seconde nature, second degré, etc.

Déodorant, désodorisant

Déodorant pour le corps, désodorisant pour la maison

Aujourd’hui, la plupart des dictionnaires font la distinction ci-dessus entre les deux produits. Mais l’affaire reste compliquée. L’Académie française, condamnant déodorant comme un anglicisme, propose de le remplacer par le mot désodorant, que personne n’utilise. Par ailleurs, quelques ouvrages donnent les deux sens à désodorisant (c’est-à-dire produit à la fois pour le corps et la maison).

Débuter, démarrer

Courant aujourd’hui dans de bonnes publications

La plupart des puristes continuent de dénoncer l’emploi transitif de ce verbe (ex. débuter un discours, une soirée, un programme), tout en reconnaissant que cet emploi est désormais répandu au Québec et en France. Il en est de même pour le verbe démarrer (ex. démarrer une entreprise).

Par le biais de

Veut généralement dire « au moyen de », sans nuance péjorative

Aujourd’hui, au Québec et en France, l’expression est habituellement employée de façon neutre, sans idée de « moyen détourné ou artificieux ». La Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française y consacre une fiche éclairante. Cependant, la plupart des dictionnaires continuent d’en donner une définition aujourd’hui dépassée.

Autobus, bus, car

Québec : autobus. France : bus ou car

Pour le transport général dans les villes ou entre les villes, les Québécois utilisent le terme autobus (souvent au féminin en langage populaire). Les Français réservent le mot bus en principe au transport à l’intérieur des villes, et car au transport interurbain. Mais ils ne font pas toujours clairement la distinction. Par exemple, pour le transport des écoliers, ils utilisent souvent car scolaire et bus scolaire comme synonymes (forme longue : car ou bus de ramassage scolaire). Au Québec, le terme consacré est autobus scolaire.

Ceci dit, cela dit

Les deux se disent correctement

Ces deux expressions, généralement employées en début de phrase, sont courantes aujourd’hui dans de bonnes publications. Certains puristes soutiennent à tort que seule la forme cela dit est correcte parce qu’elle renvoie à une chose déjà exprimée. Entre les deux expressions, cela dit est d’un niveau un peu plus soutenu, mais autrement les deux s’équivalent.

Extrait de Grammaire des civilisations, Fernand Braudel, membre de l’Académie française, Éditions Arthaud-Flammarion, 1984 :

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Baser sur, fonder sur

Les deux verbes sont synonymes depuis plus de deux siècles

Bel exemple du profond conservatisme de l’Académie française. En 1798, elle avait admis dans son dictionnaire le verbe baser au sens figuré (ex. une étude basée sur des recherches solides), mais elle l’avait retiré en 1835 quand l’académicien Royer-Collard s’était écrié : « S’il entre, je sors! » Dans l’édition la plus récente de son dictionnaire (la neuvième), l’Académie écrit : « Ce verbe ne doit pas être employé au sens figuré. Il faut lui préférer Fonder, établir. » Elle est seule à l’affirmer.

Avoir besoin de, nécessiter

Le sujet du verbe peut être une personne ou une chose

Certains puristes prétendent que l’expression avoir besoin de doit avoir pour sujet un être vivant (même une plante), mais jamais un objet inanimé. C’est faux. Même l’Académie française approuve la phrase « Ce plancher s’affaisse, il a besoin d’une poutre neuve ». Par ailleurs, l’Office québécois de la langue française condamne la phrase « Ce plancher nécessite une couche de vernis » parce que le verbe nécessiter exigerait pour sujet un « nom abstrait ». C’est faux aussi.

Nouveau (à ou de)

Clairement interchangeables

Selon l’Académie française, de nouveau voudrait dire « une fois de plus », sans autre précision, alors que à nouveau voudrait dire « une fois de plus, mais d’une façon complètement différente ». Dans les faits, cette distinction ne s’est jamais implantée dans l’usage.

Semblable, similaire

Les deux mots sont interchangeables

Les grammairiens approuvent la construction A et B sont similaires, mais condamnent A est similaire à B. Aucun d’eux n’explique pourquoi. Par ailleurs, ils admettent sans problème semblable à, identique à, comparable à, analogue à, pareil à, etc. La curieuse « règle » sur similaire à, qui traine encore dans la plupart des ouvrages correctifs, est heureusement peu connue et peu appliquée.

Biais

En général, par le biais de veut simplement dire « au moyen de » 

Aujourd’hui, au Québec et en France, l’expression par le biais de est habituellement employée de façon neutre, sans idée de « moyen détourné ou artificieux ». L’Office québécois de la langue française y consacre une fiche éclairante. Cependant, la plupart des dictionnaires continuent d’en donner uniquement l’ancienne définition.

Fois (à chaque –)

Courant et correct au Québec et en France

Plusieurs auteurs québécois condamnent l’expression à chaque fois en affirmant qu’elle est de moins en moins utilisée. Or, elle est non seulement très vivante au Québec et en France, mais elle est plus fréquente que la forme chaque fois. Quant aux expressions comme à chaque jour ou à chaque printemps, il est vrai qu’elles sont moins courantes en France qu’au Québec, mais elles sont bien construites et n’ont rien de condamnable.

Coordonnateur, coordinateur

Québec : coordonnateur. France : coordinateur.

Au Québec, le mot coordinateur est souvent senti comme un anglicisme — à tort, parce qu’il est formé, tout simplement, sur coordination. Il reste que coordonnateur est d’un usage prédominant au Québec. Le mot coordinateur, qui date du milieu du 20e siècle, est le plus récent des deux.